Pour tenter de contrer le « bad buzz » dont Habbo a été victime, Paul LaFontaine fait le tour des différents médias pour essayer de faire oublier le scandale sexuel soulevé il y a plusieurs semaines par Channel 4.

Paul LaFontaine s’est donc livré à une petite interview pour le site internet du Figaro…

« INTERVIEW – Quelques mois après la révélation de l’omniprésence d’utilisateurs pédophiles sur ce réseau social pour adolescents, son PDG Paul LaFontaine appelle l’industrie à s’unir pour définir de nouveaux standards de sécurité sur Internet.

Le réseau social pour adolescents Habbo Hotel a été touché en juin par un scandale sans précédent lorsqu’une équipe de la chaîne de télévision Channel 4 a révélé l’omniprésence de discussions à caractère sexuel sur ce service destiné aux adolescents de 13 ans et plus – mais également fréquenté par des enfants plus jeunes.

Après avoir fait le ménage parmi ses utilisateurs et renforcé la sécurité du site, l’éditeur Sulake appelle de ses vœux la création d’une coalition des sites et réseaux sociaux pour enfants et adolescents.

LE FIGARO – Comment avez-vous réagi à la crise qui a frappé Habbo Hotel?

Paul LAFONTAINE – Lorsque nous avons eu connaissance des agissements inappropriés de plusieurs utilisateurs, nous avons décidé de fermer immédiatement le système de chat pour procéder à une refonte complète de nos procédures de sécurité. Nos membres pouvaient continuer à se connecter à Habbo Hotel et à participer aux activités mais ne pouvaient plus se parler les uns avec les autres.

Pendant ce temps, nous avons minutieusement analysé les archives récentes de l’ensemble des conversations menées par nos utilisateurs et nous avons constaté que 3,7% de nos utilisateurs avaient eu des comportements déplacés, ce qui n’était pas acceptable.

Quelles modifications avez-vous apportées à la suite de cette découverte?

Nous avons en premier lieu introduit un nouveau système d’inscription beaucoup plus sûr, qui oblige les nouveaux membres à prouver leur bonne conduite avant de pouvoir dialoguer avec les autres utilisateurs du réseau.

Nous avons également mis en place un système de détection à double couche: d’une part, nous avons étendu le système de signalement pour être à l’écoute de la moindre déviance et être en mesure de hiérarchiser les niveaux d’alerte en fonction du danger, en créant notamment une «patrouille» de modérateurs volontaires et triés sur le volet parmi nos utilisateurs. D’autre part, nous avons déployé sur le réseau un ensemble de filtres automatisés, qui censurent un certain nombre de mots et génèrent des rapports systématiques lorsque des utilisateurs ont un comportement suspect.

La sécurité du réseau est donc assurée par ses utilisateurs eux-mêmes et un ensemble de machines?

Non. La communauté et nos filtres jouent évidemment un rôle primordial dans la détection des comportements suspects, mais les équipes de Habbo Hotel sont fortement impliquées dans l’analyse et la réaction à ces signalements. Un service de 28 personnes est entièrement dédié à la sécurité du réseau.

Nous sommes d’ailleurs tous présents en permanence dans l’univers du jeu, autant anonymement que publiquement. J’ai moi-même repéré des agissements inacceptables et immédiatement expulsé les fautifs.

Nous avons aussi établi des liens étroits avec les autorités dans l’ensemble des pays que nous couvrons, et nos signalements ont été à l’origine de plusieurs enquêtes judiciaires. Sulake est en outre membre de la Coalition européenne pour la sécurité des enfants sur Internet.

Qu’arrive-t-il aux utilisateurs exclus? Peuvent-ils revenir sur Habbo Hotel?

Le bannissement des utilisateurs en fonction de leur adresse IP n’est pas une bonne méthode selon nous. Nous avons une stricte politique de respect de la vie privée et nous appliquons scrupuleusement la réglementation de chacun des pays dans lesquels nous sommes présents.

Lorsque des utilisateurs dangereux sont identifiés, nous sommes en mesure d’effectuer un signalement aux autorités et de collaborer avec les enquêteurs. Pour le reste, notre but est de compliquer tellement la vie des prédateurs et imposteurs qu’ils n’auront dans la pratique plus la capacité de nuire à nos utilisateurs.

Lors de votre intervention au salon Casual connect, vous avez appelé de vos vœux la création d’une coalition pour la sécurité en ligne. De quoi s’agit-il?

Nous considérons que la sécurité des enfants sur Internet est absolument primordiale. Elle ne doit pas faire l’objet d’une concurrence entre les différents sites et réseaux sociaux. Nous devons au contraire collaborer tous ensemble pour définir des standards exigeants en matière de sécurité.

Toutes les leçons que nous avons apprises lors de la crise qui nous a touchés, nous voulons les partager avec l’ensemble des acteurs du secteur.

Vous avez aussi évoqué la nécessité de mieux éduquer les enfants aux usages et dangers d’Internet. L’école, les parents, les réseaux sociaux… qui doit prendre en charge cette responsabilité?

Il faut mieux éduquer les enfants, c’est une certitude. Dans l’idéal, chacun doit assumer sa part de responsabilité. En ce qui concerne les éditeurs de sites et réseaux sociaux, nous devons être en mesure de mieux accompagner les enfants et adolescents dans leur usage quotidien et leur assurer l’environnement le plus sécurisé possible.

Habbo Hotel est réservé à des utilisateurs âgés de 13 ans et plus. L’inscription étant purement déclarative, il accueille probablement des enfants plus jeunes. Cela ne vous préoccupe-t-il pas?

Il n’existe pas aujourd’hui de moyen légal de s’assurer avec certitude de l’âge et plus largement de l’identité d’un utilisateur. C’est un problème que tous les sites et réseaux sociaux doivent absolument régler si nous voulons pouvoir assurer à nos jeunes utilisateurs une sécurité optimale. »

Habbo News